Conclusion

       Riboy et Chamane permettent d'appréhender le rapport de l'homme à l'animal et donc de l'humanité et de l'animalité. Cette relation complexe est abordée sous un nouveau jour par la figure du centaure. Nous avons vu que cette structure binaire homme – animal commence à être remise en cause. L'hybridité est peut être une solution pour s'interroger de façon nouvelle sur cette problématique ancienne. Les êtres hybrides sont avant tout des constructions de l'homme. Homme, qui a cherché à condenser son questionnement. L'hybride, par sa nature, ne possède pas de rapport dominant – dominé en lui-même. Son corps est multiple : sans centre, ni périphérie. Il résout le problème de la différence en ne cherchant pas à morceler ce qui le constitue. Il est aussi une solution au problème de racisme. Si l'homme pose des frontières entre lui et l'animal, il tend vers une séparation entre les hommes.
Le respect de l'homme par l'homme ne peut pas trouver son fondement dans certaines dignités particulières que l'humanité s'attribuerait en propre, car, alors, une fraction de l'humanité pourra toujours décider qu'elle incarne ces dignités de manière plus éminente que d'autres. Il faudrait plutôt poser au départ une sorte d'humilité principielle : l'homme, commençant par respecter toutes les formes de vie en dehors de la sienne, se mettrait à l'abri du risque de ne pas respecter toutes les formes de vie au sein de l'humanité même.[30]
Les hommes, en tentant de dissoudre les frontières, qu'ils ont eux-mêmes fabriqués, affrontent leur multiplicité. Ce combat contre lui-même, l'homme l'affronte par les créations artistiques. Sa réflexion transparaît au travers de ses productions. La littérature, le cinéma, la peinture,... sont des médiums de communication entre les hommes, ils sont imprégnés de messages. À nous de les étudier.

[30] Claude LEVI-STRAUSS, « Entretien avec Jean-Marie Benoist, "L'idéologie marxiste, communiste et totalitaire n'est qu'une ruse de l'histoire" », Le Monde, 1979, 21-22 janvier, p.14. Cité par Stéphane LEGRAND, « Figures du monstrueux. Entre l'humain et l'inhumain », in Jean Birnbaum (dir.), Qui sont les animaux ?, Paris : Gallimard, coll. folio essais,  p.239-240.